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La fin de l’année s’annonce bien plus délicate que prévu
information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 14/11/2025 à 10:24

(Crédits: Adobe Stock)

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Le 14 novembre 2025
L'investisseur en Bourse se trouve aujourd'hui dans la même situation que l'automobiliste parti sur la route des vacances, qui vient d'apprendre que l'autoroute est fermée. Enfin, elle n'est pas totalement close, mais les panneaux indiquent qu'on passe de quatre à une seule voie. A cet instant précis, la question qui se pose est celle de l'itinéraire de délestage. Faut-il l'emprunter au risque de se retrouver dans un embouteillage pire que celui que nous connaissons ou bien faut-il rester dans la file en prenant son mal en patience ? Ce genre de situation nous l'avons tous connue, il mène inévitablement à la crise de nerf… Nous en sommes là en Europe, avec des records de hausse battus cette semaine sur de nombreuses places financières (Paris en tête avec le franchissement en milieu de semaine des 8 300 points), mais le sentiment qui domine est que la façade commence à se lézarder un peu partout. En Extrême Orient, le fameux indice MSCI Asia hors Japon a rompu en fin de semaine avec quatre séances de hausse consécutives, pour enregistrer dans la nuit de jeudi à vendredi sa plus forte baisse depuis le début des troubles tarifaires du mois d'avril.
Avec trois séances de baisse à près de 2% sur le Nasdaq Composite depuis le début du mois de novembre, la Bourse de New York a, comme toujours, déjà pris une longueur d'avance sur les difficultés à venir. Les valeurs technologiques ne sont plus la belle autoroute à quatre voies sur laquelle tout le monde roulait dans la joie et l'insouciance en mode « pilotage automatique ». D'un côté, les investisseurs se réjouissent de la fin du plus long « shutdown » de l'histoire des Etats-Unis, de l'autre ils tremblent à l'idée que le retour des statistiques ne dévoile une dégradation plus importante que prévu de l'état de l'économie américaine.

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Le retour en grâce des valeurs dites « value », qui rassurent les investisseurs par leur capacité de résilience et surtout la faiblesse de leur niveau de valorisation, est une bonne idée, mais il paraît peu probable que le marché soit capable de se passer de la formidable locomotive que représente le secteur technologique, dopé à l'IA au-delà de toutes les espérances. Pour ne rien arranger, les investisseurs ne savent plus très bien où ils en sont sur la question des perspectives de baisse des taux directeurs de la Fed, avec des attentes désormais proches du seuil de 50/50 entre ceux qui s'attendent à une détente ou un statu quo faute de visibilité sur les vrais chiffres de l'inflation aux Etats-Unis. Et même si la baisse tant attendue l'emporte le mois prochain, la fête pourrait être gâchée par une dégradation plus forte que prévu de la croissance américaine. Dans une note récente, les experts du FMI disent observer des signes de tensions dans l'économie américaine, avec un risque de ralentissement de la croissance au 4ième trimestre par rapport aux prévisions initiales.

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La nécessité de procéder à un repli stratégique des positions que nous avons évoquée la semaine dernière est plus que jamais d'actualité. Dans ce contexte pour le moins incertain, nous nous sommes engagés dans un bel exercice de rétropédalage, en ayant dénoué dans la hâte une partie des positions prises quelques jours auparavant. Notre sélection d'ETF Monde est en première ligne, puisque nous avons décidé de céder ce jeudi, la totalité des 200 parts du tracker Amundi PEA Nasdaq 100 acquis en début de semaine. Notre sélection continue d'afficher une belle progression de 13,9% depuis le début de l'année. C'est bien mieux que le CAC 40 en hausse de 11,5% sur la même période et presque aussi bien que le S&P 500 en dollars. Notre sélection de fonds ISR/PEA fait, elle aussi, mieux que le CAC 40, mais son avance sur l'indice de référence de la Bourse de Paris s'est considérablement réduite. Avec une progression de 7,8% notre portefeuille Défensif affiche un score tout à fait honorable depuis le début de l'année, mais il a perdu l'avance dont il disposait sur l'indice jusqu'au début du mois d'octobre. Le grand perdant des récents arbitrages auxquels nous avons procédé reste le portefeuille Offensif, désormais très distancé par le CAC 40, avec une progression de 2,4%. La récente acquisition de 1000 actions de l'équipementier allemand pour l'industrie des semi-conducteurs, Aixtron, n'a pas été une réussite. La société a récemment fait état d'un solide carnet de commandes, mais elle a vu son cours de Bourse brusquement chuter cette semaine dans la foulée de la vague de prises de bénéfices ayant frappé l'ensemble des valeurs technologiques jugées trop fortement valorisées. Le néerlandais ASML Holding a été confronté aux mêmes difficultés, tout comme d'une certaine manière Schneider Electric dans le domaine des équipements d'optimisation de l'énergie électrique.
Quelle stratégie d'ici à la fin de l'année ? Nous manquons de trop d'éléments pour nous engager dans un diagnostic définitif sur les perspectives d'évolution des marchés. La situation n'est pas à ce point préoccupante pour prendre des mesures radicales de protection des portefeuilles. Notre stratégie consiste à conserver à la fois un fort degré de diversification des positions et un matelas renforcé de liquidités à hauteur de 25 à 30% de l'actif. Nous ne croyons pas à la multiplication des alertes sur une bulle de valorisation des valeurs technologiques. Les doutes et les prises de bénéfices que subissent les valeurs du secteur sont parfaitement logiques après les fortes hausses de ces derniers mois. L'exemple le plus emblématique c'est bien sûr celui de Nvidia qui se paie autour de 50 fois les profits à douze mois, ce qui est très élevé au regard des critères classiques d'évaluation. La valeur reste cependant dans la norme avec un PEG (PER divisé par la progression des bénéfices) n'excédant pas le chiffre un, compte tenu d'une anticipation de hausse des profits de 50%. Dans ce secteur, ce qui compte ce n'est pas le niveau de valorisation instantané, mais les perspectives de progression des profits. Comme, nous l'expliquions au début de cette chronique, les signes de rééquilibrage de la cote en faveur des valeurs les plus traditionnelles sont bienvenus, mais une poursuite de la hausse n'est désormais plus envisageable sans la participation active de la « tech » dans son ensemble. Ce n'est pas un hasard, si notre sélection d'ETF Monde affiche de très bonnes performances. Celles-ci sont le résultat de la forte diversification à laquelle nous donne accès de plus en plus de trackers nous permettant d'être à la fois présents en Asie ou sur le Nasdaq. A l'opposé, la plupart de nos tentatives de diversification du portefeuille Offensif sur les valeurs technologiques européennes se sont révélées décevantes. Pour se convaincre de l'incapacité de l'Europe à faire émerger un véritable pôle d'attraction dévolu à la « tech », il suffit de comparer le comportement de l'indice Stoxx 600 Technology en baisse de 2% sur les six derniers mois, contre une hausse de 19,5% du Nasdaq Composite.
Bonne lecteur et bon week-end à tous,
Roland Laskine

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